Le comedien desincarne

Le comedien desincarne

&quot;Voilà longtemps déjà que je pratique mon métier, que je le ressens, le surveille comme on surveille une habitude ; il me pénètre, et j&#39;ai pris cette manie d&#39;en chercher les effets en moi et dans les autres, d&#39;en surveiller les manifestations. Tout le théâtre, cet état dramatique en moi, cette habitude de penser et de sentir pour les autres, par les autres et à travers moi-même, cette attitude vis-à-vis d&#39;un tiers offert de ce tiers qu&#39;est le public, et vis-à-vis de moi, ces reflets que j&#39;en fais et dont je suis fait, ce comportement entre le soi que je suis et le moi que je me suis donné, à travers tant de personnages, tout cela est là, sensible, visible en moi, tout le long de ma journée, et je cherche à le penser, à le lier, à le raisonner, et à m&#39;en expliquer l&#39;agencement, les raisons.<br /> Je veux préciser mes sensations, je note dans mes lectures des reflets de mes états (Proust), j&#39;écris des notes et la vanité de m&#39;exprimer moi-même me rattrape, me rejoint, me retrouve dans ce nomment de ma carrière où j&#39;ai découvert cependant (depuis longtemps déjà) que l&#39;acteur n&#39;est qu&#39;une table d&#39;harmonie.&quot;